Portrait de Camille

Camille 13 MARS 1 demande de travail

Pouvez-vous présenter en quelques mots votre enfant ?

Camille est âgée de 11 ans et présente un Trouble Envahissant du Développement avec un Trouble Déficitaire de l’Attention et de l’Hyperactivité associé. Elle est l’aînée d’une fratrie de 2 enfants.

Quelles difficultés de communication manifeste-t-elle ? Quels outils a-t-elle utilisé avant le PODD ?

Non-verbale, elle a communiqué jusqu’à 6 ans avec quelques mots, et par les gestes en se faisant comprendre par l’entourage proche : tirer la main pour obtenir un objet…C’est à cet âge que les difficultés d’apprentissage, de comportement et de communication ont commencé à être de moins en moins tolérées (…). Parallèlement, je me suis informée, formée (…).

C’est ainsi qu’en mars 2011, nous avons débuté le P.E.C.S. (…) nous avons introduit progressivement à domicile une mini-pochette portative contenant une quinzaine de pictogrammes sur des demandes courantes, des personnes et des lieux.  (…) Il y a 3 ans 1/2, un classeur de format A4 a inauguré le début des grandes vacances. Celui-ci regroup
ait un panel de pictogrammes (personnes, verbes d’action, complément, lieux…).
La complexité du classeur et la surcharge d’informations ne permettait pas à Camille de s’y repérer, de sorte qu’à la fin de l’été, nous avons redéfini les objectifs (…) image2Un premier classeur a été créé sur le quotidien puis un deuxième sur l’un de ses centres d’intérêt privilégié : les poupées. Cela a déclenché un véritable engouement chez Camille (…) Après 6 mois d’intervention, Camille utilisait 6 classeurs distincts facilement maniables et transportables. (…)image3

Camille communique avec ses classeurs de communication avec des phrases de 3 à 5 éléments. Néanmoins, le vocabulaire disponible reste restreint : elle n’a pas tous les pictos à disposition et les phrases se limitent à des demandes alors que souvent, elle veut exprimer autre chose : son énervement, un commentaire, une idée qui l’obsède et à laquelle elle ne parvient pas à se détacher…

D’autre part, elle peut manipuler avec empressement, frénésie ou répétition ses pictos : ils s’abîment, se déchirent ou se perdent. (…)

En échangeant avec une maman sur les réseaux sociaux, elle me parle du PODD et de ses perspectives. Je me documente et décide de suivre un atelier personnalisé pour choisir l’outil adapté à Camille et le construire. Pourquoi ?

  • parce que Camille utilise au quotidien 6 à 10 outils différents pour communiquer et qu’elle se fait bien comprendre en associant les supports entre eux. Mais quelle énergie et temps déployés pour exprimer une idée !
  • parce que construire une phrase avec un PECS, c’est tourner chaque page, descratcher son picto, le poser sur sa bande-phrase, et poursuivre jusqu’à finaliser sa phrase. En attendant, l’interlocuteur est souvent passé à autre chose et l’enfant, une fois sa phrase constituée, doit repositionner chaque élément dans son classeur pour poursuivre la communication !
  • parce que tout le vocabulaire n’est pas disponible et que Camille a autre chose à dire que : je veux, je vois, je sens, je pense…La communication, c’est aussi pouvoir dire : j’en ai marre, elle m’a rendue visite, je t’aime, j’adore jouer à la poupée elle est belle…C’est aussi converser et le PODD le permet !

Qu’apporte le PODD à votre enfant, et à vous-mêmes, depuis que vous l’avez mis en place ? 

Construire le PODD pour Camille a été très riche pour moi car j’ai pu me familiariser avec l’outil et le personnaliser avec les pictogrammes familiers de Camille. Lorsque je suis rentrée de l’atelier « formation », j’ai montré le soir-même le classeur à Camille qui a passé plus d’une heure à le découvrir avec moi, le sourire aux lèvres.

Capture d’écran 2016-03-22 à 17.22.44

Un mois après, Camille a oublié son PECS, hormis son classeur des poupées et deux classeurs spécifiques. Elle amène son PODD partout avec elle. Je modélise à de nombreuses occasions car Camille est beaucoup dans la communication et qu’en même temps, c’est un vrai plaisir d’échanger avec elle sur le même registre.

J’ai été surprise de son appropriation de l’outil. Elle a pu me dire des choses qu’avec le PECS, il lui était impossible de formuler : le garçon du cheval est beau ; je suis allée à la pharmacie en l’associant au mot pansement (elle s’était blessée et était allée à la pharmacie où le pharmacien lui en avait donné un) et j’ai pu moi-même modéliser en élaborant des phrases plus complexes. Par exemple, sur des idées obsessionnelles qui peuvent durer un moment sans qu’on ne parvienne toujours à finaliser de façon constructive sa pensée, nous avons pu réorientercamille 13 mars 2 ou enrichir sa pensée : M. n’est pas là. Ah, tu veux me dire que tu aimerais qu’elle te rende visite ? Un grand OUI de Camille qui poursuit en me pointant la fille va à l’école…Une idée obsessionnelle, certes, mais sur laquelle on peut converser avec des balises à la communication et un point d’ancrage visuel pour Camille.

Alors, le PODD, un superbe outil de communication, d’échange, de partage d’informations avec lequel elle s’endort chaque soir. Elle me commente son livre d’histoires et enchaîne sur des associations d’idées. C’est tout simplement fabuleux !

 

Pour suivre les aventures de Camille, allez voir le blog de sa maman ici !!